Les heures tracées ou la longue marche des Léthéides

Création chorégraphique et théâtrale pour 7 interprètes

Cette pièce, conçue et réalisée entre 1988 et 1991 retraçait le trajet intérieur d'un individu l'amenant à prendre conscience de sa propre existence et de sa finitude ; un trajet où vont être ébranlées toutes les résistances et défenses intérieures construites par l'esprit pour protéger et prolonger cette sensation innocente et enfantine d'immortalité. la pièce mettait donc en scène un processus de conscientisation  d'un esprit cherchant à appréhender de la meilleure manière les problématiques de tout être humain : reconnaitre sa mortalité, gérer le vieillissement du corps et de l'esprit, rester en prise avec l'évolution de son environnement.

La scénographie proposait une matérialisation imaginaire d'un espace psychique ; un lieu des mécanismes psychiques, lieu où s'articulent et se confrontent toutes les données fondatrices d'un individu, toutes les mémoires conscientes et inconscientes de l'expérience individuelle et collective ; un lieu où tout s'échange, s'analyse et rend des conclusions, conduit les choix et produit des décisions.

 

Dans l'esprit et le corps de jeanne, l'héroïne de la pièce, agissent des forces incontrolées, incarnées sur scène par quatre personnages dansés, les Léthéides, filles de l'oubli ; Elles sont les composantes de la mécanique psychique, font corps avec le dispositif scénographique; elles permettront à Jeanne d'ouvrir les yeux sur ce qu'elle ne voulait ou ne pouvait ni regarder ni percevoir. metteurs en scène, régisseuses et actrices du processus qui doit s'accomplir en Jeanne, les Léthéides peuvent ainsi investir son corps et son esprit et agir sur elle, la plongeant tour à tour dans les temps du mythe, de l'illusion ou du réel, le temps du théâtre ou de la poésie, ceux du passé, du présent et du futur.

 

Le dispositif scénographique permettait la construction d'un lieu symbolique mouvant et protéiforme grâce à une architecture de pendrillons rouges déplaçables et des colonnes de fils élatiques rouges elles aussi - rouge couleur de sang, fluide vital et organique - sorte de château intérieur abstrait avec son hall d'entrée, ses salles imposantes, ses corridors, ses passages secret, ses caves et ses tours ; un jeu d'espaces pleins et d'espaces vides sculptés par le travail du clair-obscur amplifiait le phénomène de transformation de l'espace scénique accompagnant ainsi visuellement l'évolution psychique de Jeanne.